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Les défis pour l'avenir



Permettre un accueil satisfaisant des demandeurs d’asile dans les pays d’accueil.

Répondre à la problématique des réfugiés de long terme


Répondre régionalement à l’afflux localisé de réfugiés

« Il y a vingt ans, les régions en développement accueillaient environ 70 % des réfugiés dans le monde. À la fin 2014, ce chiffre est de 86 %, le plus haut pourcentage jamais atteint. » Dans son rapport annuel 2014, le Haut Commissariat aux réfugiés explique l’importance des pays en développement dans l’accueil mondial de réfugiés. L’Afrique, où le HCR est présent sur les 54 pays du continent, contribue en très large majorité à ce ratio, et les pays du continent y consacrent des parts importantes de leur PIB national.

 

Relativisé par son importance financière dans les PIB nationaux, l’accueil des réfugiés par les pays africains est celui qui coûte le plus cher. Sur les dix premiers pays d’accueil de réfugiés pour lesquels un réfugié coûte le plus cher, huit sont africains. L’Éthiopie, premier de ce classement, accueille ainsi 440 réfugiés pour chaque dollar américain de son PIB par tête. Au delà de la barre symbolique des 200 réfugiés pour chaque dollar de PIB par tête, on retrouve le Tchad (203), l’Ouganda (195), le Kenya (190), la République Démocratique du Congo (149), et le Sud-Soudan (112).


 

Plus concrètement, ces pays sont ceux dont le “coût” des réfugiés par rapport à leur PIB national par tête est le plus élevé. En pondérant ensuite ces statistiques par la liste des pays reconnus par les Nations Unies comme les Pays les Moins Avancés (PMA) - six des huit pays étudiés le sont, les questions quant à la capacité d’un accueil satisfaisant des demandeurs d’asile dans les pays d’accueil africains sont posées.


Au Soudan, l’ONU estime que 6,9 millions de personnes ont besoin d’une assistance humanitaire, et recense en 2014 dans son bulletin annuel venir en aide à 3,2 millions d’entre elles. Pour beaucoup, ces réfugiés se sont installés de façon “spontanée”, comme l’explique la chercheuse au CNRS Hélène Thiollet dans une étude parue en 2007. La même année, le Haut Commissionaire aux Réfugiés António Guterres évoquait cette population, émigrée dans son immense majorité - 77 % - depuis l’Érythrée et le Sud-Soudan voisin, comme des “personnes oubliées”.

La multiplicité des conflits dans les pays d’Afrique subsaharienne et dans la Corne de l’Afrique a poussé le HCR à introduire une nouvelle terminologie pour qualifier ces réfugiés de long-terme : la « situation d’exil prolongé ». Introduit en 2004, le concept donne un cadre juridico-légal à ces réfugiés et leur donne une couverture juridique par une convention internationale.


« S’il est vrai que les camps sauvent des vies dans la phase d’urgence, c’est aussi vrai que, plus les années passent, plus ces mêmes camps gâchent ces mêmes vies. Un réfugié peut y recevoir de l’assistance, mais on lui enlève ses droits - comme la liberté de mouvement, son droit au travail, et dans certains cas, à l’éducation - qui pourraient lui permettre de devenir un membre productif d’une société. » Le rapport décrit ainsi les motivations du HCR à introduire ce nouveau terme dans le droit international.


Si la solution optimale reste le retour des réfugiés dans leur pays d’origine, certains pays d’Afrique considèrent que ces réfugiés de long terme sont devenus des membres à part entière de la société. En 2014, le gouvernement de la Tanzanie a ainsi octroyé la nationalité tanzanienne à 162 160 Burundais qui avaient fui le Burundi pour la Tanzanie en 1972. Le gouvernement tanzanien a estimé que ces réfugiés de long terme étaient devenus des citoyens de leur pays d’accueil, payant des taxes et étant auto-suffisant. Le HCR souligne dans son rapport annuel 2014 que c’est la première fois qu’un pays d’accueil de réfugiés donne la nationalité à un groupe aussi nombreux de réfugiés.


Selon les statistiques du HCR, les trois pays qui accueillaient le plus de réfugiés en Afrique sur les cinq dernières années sont l’Éthiopie, le Tchad, et le Kenya. En 2014, l’Éthiopie a accueilli 659 445 personnes, le Kenya 551 309, et le Tchad 452 862. Avec ces statistiques annuelles, l’Éthiopie devient le pays qui a accueilli le plus de réfugiés sur un an sur les dix dernières années.